Electric Night vol.23

Exposition Electric Night vol.23
Palais des Paris – Takasaki, Gunma (Japon)

19 – 22 Septembre 2020

Un des effets paradoxaux du Coronavirus pourrait se décrire de la sorte : c’est un phénomène mondial, et pourtant comme chaque pays reste relativement fermé, il n’y a que peu de compréhension de la manière dont cela se déroule ailleurs. Il est certes possible d’imaginer par mimétisme de son expérience personnelle, mais guère plus.

En ce qui concerne le Japon, les avions ne volent quasiment plus, les artistes internationaux ne peuvent plus se déplacer, une structure comme le « palais des paris » ne semble donc plus avoir de sens. Et pourtant en réalité, les oeuvres d’art ont la possibilité de se diffuser par delà les limites matérielles et ils visent justement à construire du sens par delà le chaos des sentiments.

Entre l’intimité de la maison et la collectivité des espaces publics, la frontière de séparation s’est transformée. Par exemple dans la rue, les nombreux visages masqués permettent l’anonymat du privé. Ou encore, le télétravail rend visible l’intérieur des appartements qui perdent ainsi une partie de leur caractère privée. Depuis une demi-année la plupart des individus sont confrontés à des changements, à une porosité différente entre les deux sphères.

Les oeuvres d’Amélie Berrodier explorent la zone floue entre privée et publique. L’artiste se comporte comme un photographe cherchant à produire un portrait ou un cadrage de fenêtre, mais plutôt qu’un cliché photographique, elle démarre une vidéo ayant pour effet de capturer dans la durée toute l’incertitude qui se déploie face à elle.

L’installation FENÊTRES (2015), propose des vidéos de fenêtres qui captent la fugacité d’une apparition dévoilant une petite part d’intime depuis la rue.

L’installation PORTRAITS FILMÉS (2016), montre des portraits d’individus qui posent confortablement assis dans leur salon. Avec la durée de cette prise de vue, les modèles laissent petit à petit échapper une part d’intimité, de doute, de tremblement de leurs sentiments internes.

Bien que ces oeuvres aient été constituées il y a plusieurs années, la tension qui en émane ressemble étrangement à l’attente que nous venons de subir ces derniers mois, celle de la suspension du temps.

Nous sommes heureux de vous présenter ces deux ensembles au « palais des paris » et de vous inviter à venir vivre le passage furtif du privé au public depuis l’autre côté de la planète.

Texte de Frédéric Weigel et de Yoshiko Suto

Oeuvres présentées :
Portraits Filmés – 2016 / Production : Association Pollen
Fenêtres – 2015 / Avec le soutien de l’ENSA Dijon